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Tunisie : le nouveau gouvernement du vieux régime vacille

Le peuple et les organisations politiques demandent le départ du régime


20. January 2011
Antiimperialistische Koordination (AIK)

Un jour seulement après la création d’un nouveau gouvernement, celui-ci a été abandonné par les ministres de l’ « opposition » parlementaire. Le représentant du Forum Démocratique ainsi que trois représentants du syndicat officiel (UGTT) ont annoncé leur démission le mardi 18 janvier. Quelques heures plus tard, le président du parlement Fouad Mebazaa et le premier ministre Mohammad Ghannouchi sont sortis du parti gouvernemental.


La création d’un gouvernement par des représentants du régime de Ben Ali a été largement rejetée par l’opinion publique tunisienne. Les forces d’opposition demandent le retrait du parti gouvernemental et la création d’un gouvernement de transition ouvrant la voie à des élections libres. Dans le gouvernement actuel, non seulement tous les personnages haïs du régime sont restés à leur poste, mais tous les ministères clés sont restés dans leurs mains. Au total, trois ministères ont été attribués aux partis légaux d’ « opposition », alors que toutes les forces authentiquement représentatives du pays ont été exclues. Lundi la police a dispersé par la violence des manifestations de protestation dans la capitale. Les protestations se sont à nouveau répandues dans tout le pays. L’opposition blâme le parti gouvernemental pour la misère du pays et surtout pour les derniers évènements. Le nouveau ministre de l’Intérieur a menacé de nouveau les manifestants et a mis en garde contre les conséquences de l’éloignement du parti gouvernemental des fonctions clés de l’appareil étatique.

Egalement des partis et forces d’opposition proches du régime, qui étaient prêts à adhérer au régime et ont été ignorés par celui-ci, ont critiqué la nature quasi-unilatérale du gouvernement et se sont unis aux revendications des masses d’un gouvernement de transition. Le porte-parole du mouvement islamique Ennahda et le porte-parole de la Ligue tunisienne des droits de l’homme ont critiqué la formation du gouvernement et l’ont considéré comme non représentatif puisqu’il n’est pas issu d’un dialogue avec toutes les forces politiques.

Beaucoup plus clair depuis le début a été le Parti Communiste Ouvrier de Tunisie (PCOT), qui avait qualifié le mandat donné à Ghannouchi de constituer un nouveau gouvernement de trahison du soulèvement populaire. Dans une déclaration du 15 janvier il a défini la démission de Ben Ali comme une demi-victoire et appelé au renversement du régime tout entier. Il a considéré la démocratisation par le parti au pouvoir comme une contradiction dans les termes, et a demandé une nouvelle assemblée constituante et un gouvernement de transition par les forces de base, qui aurait dû préparer des élections libres.

Entretemps, les pillages et les actes de sabotage par les milices de Ben Ali ont diminué. Des centaines de membres des vielles forces de sécurité ont été arrêtés par l’armée ou bien mis hors de combat par les comités populaires.

Dans quelle mesure le régime soit prêt à répondre aux revendications des masses, les jours qui viennent le montreront. Il est maintenant claire que le régime fait tout son possible pour rester au pouvoir. Ainsi il cherchera ultérieurement à se rapprocher des autres forces politiques. Combien il coutera de les corrompre et en quelle mesure elles se laisseront corrompre, cela dépend de la vigilance du mouvement de masse et de la continuité de la protestation. Seul le mouvement populaire peut décourager l’élite politique de compromis opportunistes avec le régime. Le mouvement de masse affronte maintenant une course contre la montre pour construire son contre-pouvoir, avant que les blindés arrivent.

Antiimperialistische Koordination, 18/01/2011

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