Manifeste
Au Burundi, la classe des exploiteurs a toujours pris soin de confà©rer un contenu ethnique à la lutte de classe. Par manque de culture politique pour certains et par cynisme pour les autres, les pseudo politiciens burundais, au lieu de poser les problà¨mes sociaux sur des bases idà©ologiques, se sont enlisà©s dans des contradictions erronà©es et nà©anmoins mortelles. Pourtant, au Burundi comme partout ailleurs, les
problà¨mes sociaux rà©sultent d`une lutte de classe entre ceux qui exploitent et ceux qui sont exploità©s, de quelque ethnie qu`ils appartiennent.
Ainsi, la pà©riode prà© coloniale fut marquà©e par une exploitation impitoyable des masses paysannes hutu, tutsi et twa par une classe de fà©odaux qui se recrutaient quasi exclusivement au sein de l`ethnie
tutsi. Cette superstructure mono ethnique est à l`origine des conflits ethniques entre les hutu et les tutsi qui pourtant subissaient dans leur
grande majorità© les rigueurs du rà©gime fà©odal.
Le rà©gime colonial allemand ou belge s`est gardà© de toucher à l`ordre fà©odal prà©existant. Tout au contraire, l`administration coloniale l`a plutà´t raffinà© et renforcà©, à©paulà©e en cela par les missionnaires catholiques. Prisonnià¨re des prà©jugà©s racistes de cette à©poque, elle a màªme poussà© l`extravagance jusqu`à suggà©rer une origine extra africaine pour nos populations tutsi. L`objectif stratà©gique des coloniaux à©tait clair : diviser pour rà©gner et perpà©tuer la domination des peuples
colonisà©s màªme aprà¨s le recouvrement de l`indà©pendance.
Notre pays a effectivement accà©dà© à l`indà©pendance nationale le 1 Juillet 1962. Dix mois plus tà´t, le peuple Burundais, conduit par le parti nationaliste de l`à©poque, avait rejetà© à une à©crasante majorità© et
dans l`unità©, l`administration coloniale et ses laquais fà©odaux.
Malheureusement, l`assassinat du leader nationaliste Louis Rwagasore le 13 Octobre 1961 provoqua immà©diatement la rà©surgence des dissensions à caractà¨re ethnique dans la classe politique qui venait de gagner les à©lections et qui au sein du parti bourgeois Uprona qui devait conduire le Burundi à l`indà©pendance. Ce parti s`avà©ra incapable de former un gouvernement stable et de maintenir un semblant d`unità© nationale.
Les politiciens rà©actionnaires de ce parti Uprona agitaient tantà´t l`à©tiquette tribaliste, tantà´t l`à©tiquette rà©gionaliste pour se maintenir au pouvoir et poursuivre l`exploitation du peuple. Ils n`ont
pas hà©sità© à brader l`indà©pendance nationale à l`impà©rialisme pour mieux asseoir leur emprise sur le pays. Des civils et des militaires rà©actionnaires se constituà¨rent en une oligarchie cruelle en trois
annà©es d`indà©pendance seulement. Depuis 1965, toute contestation du pouvoir de l`oligarchie, quelque justifià©e qu`elle soit, fait l`objet d`une rà©pression impitoyable.
Derrià¨re les rivalità©s ethniques se cachent un pillage systà©matique des ressources nationales et une exploitation effrà©nà©e des masses populaires. Dans certains cas, ce pillage prend toutes les allures d`un
vol pur et simple. En voici un exemple opà©rà© en quatre actions: 1. crà©ation par l`oligarchie d`une banque de commerce et de crà©dit, 2. dà©pà´t dans cette banque d`à©normes sommes d`argent appartenant aux socià©tà©s à©tatiques et para-à©tatiques, donc au peuple, 3. octroi de crà©dits illà©gaux (parce que n`à©tant couverts par aucune garantie substantielle) aux membres de l`oligarchie qu`ils ne remboursent à©videmment jamais, 4. dà©claration de faillite de ladite banque. Fin de
l`opà©ration vol.
Sous la couverture de l`application d`une politique dà©cidà©e ailleurs, notamment à la Banque Mondiale et au Fonds Monà©taire International sur la privatisation des socià©tà©s d`Etat, les rà©gimes oligarchiques ont
bradà© à vils prix toutes les socià©tà©s à©tatiques, màªme celles rentables, jusqu`à hypothà©quer le sous-sol du pays.
Pour conclure, les conflits ethniques, la sujà©tion à©conomique de notre pays à l`impà©rialisme et à ses outils que sont le Fonds Monà©taire International et la Banque Mondiale, la paupà©risation forcà©e et organisà©e des masses populaires, constituent les principaux obstacles à l`à©panouissement de notre peuple.
Le Parti Communiste Burundais est conscient qu`à ces trois types de contradiction correspondent des solutions de nature diffà©rente. Dans l`immà©diat, notre parti accordera sa prà©fà©rence à une alliance avec
d`autres forces dà©mocratiques nationalistes afin de renverser le rà©gime militaire fasciste actuel. Cependant, le contrà´le strict de nos ressources nationales et la jouissance par le peuple Burundais du fruit de son travail constituent les principaux objectifs stratà©giques du Parti Communiste Burundais.
Le Parti Communiste Burundais rappelle à tous les camarades leur devoir permanent de mobiliser le peuple contre le pouvoir fasciste. Il lance un appel pressant à tous les Partis Frà¨res et à tous les Peuples du monde
à©pris de paix de l`aider à mettre fin au rà©gime fasciste au BURUNDI.
Le 7 Novembre 2000
Ernest BATEGERE
Secrà©taire Gà©nà©ral
Le PCB existe depuis janvier 98. Il travaille dans des conditions difficiles.
Il s`agit maintenant de sa premià¨re dà©claration publique.