Interview avec Bahar Kimyongür
Bruchlinien: Le 28 fà©vrier, la cour de Brugge a condamnà© toi et 6 autres activistes politiques à plusieurs annà©es de rà©clusion. Vous àªtes accusà©s d’àªtre membres d’une organisation, le DHKP-C, qui se trouve sur la liste des organisations et individus prà©sumà©s terroristes issue par l’Union Europà©enne aprà¨s le 11 septembre 2001. Par contre, les preuves contre vous sont assez faibles, voire ridicules. Tu as à©tà© accusà© d’avoir traduit et dissà©minà© un tract du DHKP-C, une autre activiste condamnà©e, Sükriye Akar, d’àªtre entrà©e dans un appartement considà©rà© clandestin. Ces faits dà©montrent que ce procà¨s n’a rien à voir avec un procà¨s “normal” selon les rà¨gles de la loi pà©nale. Il s’agit plutà´t d’un acte de prohibition d’une opinion politique. Quelle est la vraie raison de cette sentence?
Sans doute, l’une des raisons majeures est l’alignement de la Belgique sur l’axe belliciste amà©ricain. Ce n’est à©videmment pas une surprise pour un pays qui accueille le sià¨ge de l’OTAN.
A titre d’exemple, le gouvernement belge autorise l’armà©e amà©ricaine à transiter par le port d’Anvers et l’armà©e belge forme des policiers militaires et irakiens en Jordanie et finance des mercenaires qui protà¨gent le chantier du nouveau camp de formation de l’OTAN qui se construit en Irak. Faut-il à©galement rappeler que plus de 300 soldats belges participent à l’occupation de l’Afghanistan co-gà©rà© par les Etats-Unis, les seigneurs de guerre et les barons de la drogue locaux ?
Par ailleurs, je pense qu’il faille à©galement rechercher les raisons de notre procà¨s et de notre sentence dans la normalisation des relations entre la Turquie et l’Europe en gà©nà©ral et entre la Turquie et la Belgique en particulier.
Notons par exemple l’implantation fulgurante de la bancassurance belge Fortis en Turquie entamà©e l’an dernier ainsi que la mainmise de la socià©tà© Tractebel, pà´le à©nergà©tique du groupe Suez, sur le marchà© de l’à©lectricità© en Turquie.
En mai 2004, une mission à©conomique prà©sidà©e par le Prince Philippe et composà©e de 130 investisseurs belges s’à©tait rendue à Istanbul. Les accords commerciaux qui ont abouti à l’issue de cette mission ont fortement contribuà© au renforcement des relations diplomatiques entre ces deux pays.
A prà©sent, il suffit que les USA ou la Turquie bougent le petit doigt pour que l’Etat belge se mette au garde-à -vous et passe aux actes. C’est dans la logique des choses que les valeurs dà©mocratiques et le respect de la loi n’ont que peu d’importance quand des intà©ràªts à©conomiques et stratà©giques d’une telle envergure sont engagà©s.
Dans ce contexte, l’Etat turc n’a pas besoin d’àªtre dà©mocratique, ni pour l’Europe, ni pour la Belgique. En tout cas, juste assez, pour atteindre une stabilità© politique et sociale qui garantisse la sà©curità© des à©changes commerciaux et du systà¨me de spoliation de la classe ouvrià¨re.
J’ai effectivement à©tà© condamnà© pour avoir traduit un communiquà©. Or, je traduis toutes sortes de textes, tant des communiquà©s militaires que de la poà©sie, mais aussi des articles parus dans la presse officielle et des rapports sur les violations des droits de l’homme et des minorità©s, bref toutes sortes de documents relatifs à la lutte sociale en Turquie et ce, depuis 10 ans, sans que cela ne m’ait causà© le moindre problà¨me judiciaire.
C’est depuis le 19 dà©cembre 2003, date de la ratification de la loi anti-terroriste belge que certains des textes que j’ai traduits, sont passibles de peines de prison trà¨s lourdes. Mon actività© journalistique et de traduction aurait à©tà© des plus banales si je n’avais nourri des sympathies dà©clarà©es pour le mouvement rà©volutionnaire DHKP-C. Et c’est prà©cisà©ment là , dans la compà©tence qu’elle octroie à la justice de rà©primer des opinions et des idà©es, que rà©side l’aberration de cette nouvelle loi et de ce procà¨s.
La situation de Sükriye Akar et de mes 9 autres camarades inculpà©s est là©gà¨rement diverse puisque hormis Musa Asoglu, ils ne sont pas poursuivis selon la nouvelle loi anti-terroriste mais selon l’accusation de ” participation à une association de malfaiteurs “. Or, dans leur cas aussi, l’injustice et l’arbitraire sont consternants : Sükriye n’est signalà©e dans aucun rapport de police d’aucun pays. Elle n’a jamais à©tà© fichà©e, pas màªme dans une seule manifestation ! On l’accuse d’avoir uniquement sà©journà© dans l’appartement de Knokke. Son crime c’est en fait de s’àªtre retrouvà©e au mauvais endroit au mauvais moment et rien de plus.
Bruchlinien: Le DHKP-C se bat pour la dà©mocratie en Turquie. Elle a à©tà© mise sur la liste de l’UE des organisations terroristes avec nombreuses d’autres organisations qui sont considà©rà©es des organisations de libà©ration par leurs respectifs peuples et avait, auparavant, des reprà©sentants politiques dans plusieurs pays europà©ens sans aucune problà¨me au niveau là©gal. Parmi ses organisations figurent entre autres le FPLP palestinien et les FARC colombiennes qui luttent contre l’occupation militaire de leur pays en Palestine et contre une fà©roce dictature en Colombie. La Turquie a subi un coup d’à©tat en 1980 dans lequel une grande partie du mouvement populaire et rà©volutionnaire a à©tà© violemment rà©primà©. Bien que considà©rà© pays dà©mocratique par la politique officielle de l’UE, en Turquie, ce sont toujours les militaires qui rà¨gnent. Il s’agit d’une và©ritable dictature avec un visage “dà©mocratique”. Pour quels buts lutte le DHKP-C en Turquie?
Le DHKP-C se bat depuis 36 ans pour la libà©ration sociale de la Turquie et pour un monde où rà¨gneraient la justice et la fraternità© entre les peuples.
Dans les tribunaux militaires de la junte du 12 septembre, les dirigeants du mouvement rà©volutionnaire avaient exprimà© leurs aspirations en la devise suivante : face à l’impà©rialisme, l’indà©pendance, face au fascisme la dà©mocratie et face à l’exploitation, le socialisme.
En 36 ans d’histoire, le DHKP-C a dà» affronter deux coups d’Etat fasciste. Il a survà©cu à de nombreuses persà©cutions et celles-ci se poursuivent avec une grande fà©rocità© en dà©pit de la rhà©torique sur la dà©mocratisation de la Turquie.
En Turquie, il ne peut y avoir de ” transition dà©mocratique ” comme on a pu partiellement le voir dans certains pays d’Amà©rique latine où les dictateurs ont à©tà© traà®nà©s devant les tribunaux. En Turquie, les fondements rà©pressifs de l’Etat restent inchangà©s et ce n’est pas demain que l’on va voir un dictateur sur le banc des accusà©s.
On peut constater la nature fasciste de l’Etat turc à travers le durcissement de la loi anti-terroriste en passe d’àªtre appliquà©e, à travers les brutalità©s policià¨res et militaires qui ont à©maillà© les provinces kurdes et qui se sont soldà©es par la mort de 16 manifestants, à travers les justifications de cette barbarie par le Premier ministre Erdogan, à travers les agressions et lynchages fascistes visant systà©matiquement les militants de gauche ou prokurde, à travers la rà©pression carcà©rale que subissent les prisonniers politiques dans les prisons de type F, à travers l’indiffà©rence du pouvoir face au dà©cà¨s de 121 grà©vistes de la faim et de leur proche dans le mouvement de protestation contre le rà©gime d’isolement carcà©ral, à travers la censure, l’usage d’armes chimiques contre la guà©rilla kurde, l’impunità© endà©mique dont bà©nà©ficient les tortionnaires etc. La liste des actes terroristes de l’Etat turc est tellement interminable.
Je vous disais que le DHKP-C se bat pour une socià©tà© nouvelle. Mais je pense qu’il est à©galement important de souligner l’effort extraordinaire consenti par le DHKP-C pour promouvoir une culture nouvelle basà©e sur l’altruisme, l’honnàªtetà© et l’abnà©gation.
On ne peut en effet bà¢tir une socià©tà© fraternelle et juste sans dà¨s maintenant crà©er les valeurs et la morale qui permettront d’à©riger cette socià©tà©. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la rà©sistance des militants du DHKP-C embastillà©s dans les prisons de type F. C’est avec le màªme esprit de sacrifice qu’agissent les militants à l’extà©rieur, aussi bien ceux qui luttent dans le maquis, dans les quartiers populaires, dans les università©s, sur les podia et dans la rue. C’est cette morale et cet esprit de lutte irrà©ductible, qui ont permis à ce mouvement de gagner la confiance de dizaines de milliers d’opprimà©s.
Je crois que c’est une des rares organisations communistes à accorder tant d’importance à la rà©sistance culturelle à l’impà©rialisme.
Bruchlinien: Souvenons-nous des arrestations de deux activistes turcs et trois activistes italiens du Camp Anti-impà©rialiste en 2004 en Italie. Tous ont à©tà© accusà©s d’àªtre membre du DHKP-C ou bien de l’avoir aidà©. Rà©cemment, au Danemark des membres du Parti Socialiste de Gauce Left Socialists Party (Venstresocialisterne) ont à©tà© arràªtà©s pour avoir appelà© publiquement à soutenir la lutte du FPLP palestinien et des FARC colombiennes. Ensuite, votre cas en Belgique. Ce sont les premiers cas dont on peut parler d’une application en pratique de la liste noire de l’UE. On voit nettement la direction de cette politique judiciaire: Peut-on dire que c’est la lutte politique en solidarità© avec des organisations rà©volutionnaires se refusant de renoncer à la lutte armà©e contre l’oppression qui est en train d’àªtre criminalisà©e? Une menace à©vidente aux droits fondamentaux dà©mocratiques.
A l’à©poque où le feu de la rà©bellion flamboyait aux quatre coins du monde, il existait une plà©thore de groupes de solidarità© avec les mouvements de libà©ration nationale au Salvador, au Guatemala, au Nicaragua, en Afrique ou en Indochine.
Les guà©rillas latino-amà©ricaines à©taient ouvertement soutenues par les forces progressistes, y compris par une fraction non nà©gligeable de la social-dà©mocratie. En revanche, aujourd’hui, dans les milieux progressistes, la captività© d’Ingrid Betancourt ou d’activistes anticastristes suscite beaucoup plus d’à©moi que la prise d’otages de milliers de militants politiques turcs, kurdes, irakiens ou palestiniens.
Il ne faut pas àªtre trà¨s perspicace pour constater que le rapport de force entre les forces pro et anti-impà©rialistes ont considà©rablement changà© ces vingt dernià¨res annà©es.
Actuellement, les mouvements de rà©sistance armà©e prà´nant le socialisme ne sont plus qu’une poignà©e tandis que la plupart des partis communistes sont gagnà©s aux idà©es rà©formistes et considà¨rent les mouvements rà©volutionnaires du Nà©pal, de Turquie, de Colombie, de Palestine, des Philippines et d’Inde tantà´t comme anachroniques, tantà´t comme irrationnels, tantà´t comme nuisibles voire màªme comme terroristes.
Le terrorisme intellectuel semà© par la propagande de guerre de l’Empire amà©ricain a malheureusement fort contribuà© au virage à droite et à la capitulation du mouvement dit ” communiste “. Je veux dire par là que le bannissement des organisations rà©volutionnaires est certes la consà©quence de la doctrine belliciste de l’impà©rialisme US mais aussi que la distanciation des partis de gauche par rapport à ces mouvements de libà©ration y a fort contribuà©.
A l’inverse, l’action des membres du Camp Anti-impà©rialiste en Italie et du Parti socialiste de gauche au Danemark est admirable et doit àªtre un exemple pour tous les dà©mocrates.
Les procà¨s de La Pà©rouse, de Bruges et de Copenhague montrent tous clairement que les droits fondamentaux garantis par l’Etat bourgeois, appelà© pudiquement ” Etat de droit “, sont en pà©ril.
Plus que les mouvements de libà©ration à©trangers, ce sont les organisations politiques et sociales locales qui sont en danger. En effet, pour des mouvements tels que le DHKP-C, l’Europe n’est qu’un lieu de passage. Les partis et mouvements europà©ens qui se battent contre leur ” propre ” bourgeoisie (celle-là màªme qui a conà§u ces lois liberticides) sont, en revanche, bien plus vulnà©rables.
Ayant subi les pires terreurs policià¨res en Turquie, le DHKP-C peut facilement s’acclimater à aux socià©tà©s europà©ennes souffrant de carences dà©mocratiques. Je ne m’inquià¨te donc pas pour l’avenir du DHKP-C. Par contre, pour les organisations europà©ennes qui sont beaucoup moins bien prà©parà©es à la violence de l’impà©rialisme, je suis plus pessimiste.
Je tiens à rappeler que le DHKP-C a toujours dà©clarà© que son seul terrain de combat est le territoire turc et que son actività© à l’à©tranger est et sera toujours de nature là©gale et dà©mocratique. En Belgique, le DHKP-C n’a jamais commis le moindre acte de violence et d’ailleurs, dans le procà¨s de Bruges, il n’est poursuivi pour aucun fait de violence. Pourtant, ses militants et sympathisants n’à©chappent pas aux chà¢timents de l’Inquisition belge.
Une autre aberration du procà¨s de Bruges est prà©cisà©ment qu’à travers la nouvelle loi anti-terroriste, la justice belge veut s’à©riger en arbitre de conflits sociaux et des faits de violence qui se livrent à l’à©tranger et qui plus est, en appuyant des rà©gimes terroristes.
Imaginez que cette loi ait à©tà© votà©e à l’à©poque où l’ANC qui menait une lutte armà©e en Afrique du Sud contre le rà©gime d’apartheid, disposait d’un bureau d’information à Bruxelles…
Bruchlinien: Y-a-il un mouvement de solidarità© avec vous en Belgique qui se prononce en dà©fense des droits dà©mocratiques fondamentaux et contre la criminalisation de la lutte politique?
Oui. il y a une organisation fondà©e par des chercheurs et des professeurs de l’Università© libre de Bruxelles (ULB) qui s’appelle le Comità© pour la libertà© d’expression et d’association, le CLEA.
Ce comità© dà©veloppe un travail remarquable d’information, de sensibilisation et de mobilisation. Alors que les partis et mouvements de la gauche belge suivaient le procà¨s à la tà©là©vision, des membres du CLEA et de la communautà© universitaire ont assistà© au procà¨s dans un climat fort tendu.
Alors que les autorità©s belges s’acharnaient sur notre bureau d’information, sur nos actività©s dà©mocratiques et sur nos dà©tenus incarcà©rà©s à la prison de Bruges qui ont subi de sà©và¨res mesures d’isolement, les membres du CLEA ont multiplià© les communiquà©s et les actività©s de solidarità©. Le CLEA a par exemple accueilli le 1er avril dernier dans l’enceinte de l’ULB, les sympathisants du DHKC dont la manifestation avait à©tà© interdite par le Bourgmestre de Bruxelles.
Outre le CLEA, il existe un mouvement progressiste flamand solidaire de la cause basque et irlandaise, qui a eu le courage de dà©noncer cette nouvelle loi anti-terroriste, ainsi que quelques petites organisations de gauche qui ont exprimà© un soutien symbolique, en publiant certains communiquà©s de notre bureau d’information ou l’une ou l’autre interview de l’un de nos camarades.
Le reste de la solidarità© nous vient soit de dà©mocrates belges agissant à titre individuel, soit d’organisations issues des communautà©s immigrà©es vivant en Belgique. En dehors de la Belgique, nous pouvons compter sur un appui bien plus vaste.
Bruchlinien: Quelle serait, à ton avis, la forme la plus efficace pour combattre cette menace aux droits fondamentaux dà©mocratiques?
Il y a certainement plusieurs formes et niveaux de lutte contre les mesures et les lois anti-dà©mocratiques et je crois que pour vaincre ces lois et leurs effets pernicieux, nous ayons besoin de toutes les formes et niveaux de contestation.
L’attitude offensive est de dire: ” Si le DHKP-C est terroriste, nous sommes tous des terroristes “. En Belgique, cette attitude se rencontre parmi les milieux les plus politisà©s.
Par exemple, un animateur radio bruxellois a lu à l’antenne, le fameux communiquà© du DHKC qui me coà»te quatre ans de prison et cela, afin de dà©fier les autorità©s belges. Un camarade chilien a dà©clarà© lors de l’une de nos actività©s : ” Au Chili, j’ai participà© à un attentat contre Pinochet. Je veux donc àªtre jugà© avec mes camarades turcs parce que j’ai participà© à des actions armà©es et je continue de dà©fendre la lutte armà©e “.
Un nombre non nà©gligeable de dà©mocrates belges voient dans la mise au ban du DHKP-C une atteinte à la mà©moire màªme de la rà©sistance antifasciste qui permit la libà©ration des peuples d’Europe. Ces considà©rations concernent à©videmment les amis du DHKP-C.
Au second niveau de la lutte contre les lois rà©pressives, il y a l’approche plus circonspecte qui consiste à contester l’existence de ces lois par respect des principes de l’Etat de droit. Cette attitude est partagà©e par une sà©rie d’avocats et d’activistes des droits de l’homme qui estiment que la là©gislation belge se dote de suffisamment d’instruments pour combattre les actes dà©lictueux.
Le troisià¨me et le plus modà©rà© des niveaux de rà©sistance s’exprime par l’acceptation de cette loi mais toutefois avec certaines rà©serves quant à son usage abusif et aux dà©rives qu’elle pourrait susciter. Parmi ceux qui adhà¨rent à cette idà©e, il y a d’une part ceux qui font la distinction entre les organisations fanatiques qui pratiquent la violence aveugle comme certains mouvements ultranationalistes ou religieux et les organisations dont la pratique militaire est ciblà©e et respecte les conventions de Genà¨ve et d’autre part, ceux qui sà©parent la parole de l’acte, autrement dit, ceux qui distinguent l’apologiste d’un acte de violence de son auteur.
Dans cette catà©gorie, on retrouve plusieurs dà©putà©s socialistes et à©cologistes qui ont effectivement approuvà© la nouvelle loi anti-terroriste avec toutefois une certaine rà©serve. En bref, je crois que pour sauver la dà©mocratie et les libertà©s individuelles, nous avons besoin du plus large spectre de rà©sistances, associant les plus radicaux aux plus modà©rà©s. Pour composer un poing, nous avons besoin de nos cinq doigts, non ?