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Bahar Kimyongür : 62ème jour de détention en Hollande

26. June 2006

Rappel : midnight express pour Bahar ?

Nouvelles du front

Le 28 avril dernier, Bahar Kimyongür, un ressortissant belge de 32 ans, a à©tà© arràªtà© par la police nà©erlandaise alors qu’il venait à  peine de passer la frontià¨re pour se rendre à  un concert d’un groupe turc. À cette occasion lui a à©tà© signifià© l’existence d’un mandat d’arràªt international à©mis à  son rencontre par la Turquie. Motif ? Appartenance au DHKP-C, une organisation qualifià©e de terroriste par les autorità©s turques. Depuis lors, Bahar est incarcà©rà© à  Dordrecht, en Hollande. La Cour de La Haye examine paisiblement sa demande d’extradition vers la Turquie, tandis que les autorità©s belges se montrent absolument indiffà©rentes à  son sort. Or, si Bahar est extradà©, son intà©grità© physique est en danger, sinon sa vie. La Turquie est rà©gulià¨rement pointà©e du doigt par Amnesty International et d’autres organismes pour les violations des droits de l’homme qui s’y pratiquent, particulià¨rement en milieu carcà©ral. Tortures, viols, assassinats politiques y sont monnaie courante.

C’est prà©cisà©ment cette rà©alità© que dà©nonà§ait quotidiennement Bahar dans le cadre de son travail au sein du bureau d’information du DHKP-C en Belgique. En traduisant des communiquà©s, en informant des parlementaires, en participant à  des missions d’observation, à  des rassemblements et à  des manifestations. Bahar n’a donc commis aucun dà©lit, ni en Belgique, ni en Hollande, ni en Turquie, ni ailleurs. Condamnà© en Belgique le 28 fà©vrier dernier à  quatre ans de prison ferme pour appartenance à  une ” organisation terroriste “, sur base de chefs d’inculpation insignifiants (avoir lu et traduit un communiquà© de presse du DHKP), le voici dà©sormais menacà© d’àªtre livrà© aux tortionnaires qu’il dà©nonce. Avec la complicità© belge et nà©erlandaise.

La Belgique a livrà© Bahar : des preuves

Depuis le dà©but de cette affaire, le clea, de màªme que plusieurs personnalità©s et parlementaires, pointent du doigt le rà´le trouble jouà© par la Belgique dans l’arrestation de Bahar. Les autorità©s belges à©taient effectivement informà©es de l’existence du mandat d’arràªt international (datant du 06 avril 2006). Elles n’en ont pas informà© l’intà©ressà© qui a pourtant à©tà© suivi, puis interceptà© par la police hollandaise dà¨s son entrà©e aux Pays-Bas. Comment ne pas conclure que les services belges les avaient prà©venus ? Cette hypothà¨se a toujours à©tà© à©cartà©e avec force par les autorità©s belges, singulià¨rement par la ministre de la Justice Laurette Onkelinx, qui camouflent leur honteuse passività© derrià¨re la fatalità© d’une procà©dure judiciaire extra-territoriale dans laquelle elles ne peuvent s’immiscer.

Un document prouve aujourd’hui l’implication de la Belgique dans l’arrestation de Bahar : dans les conclusions de la premià¨re comparution de Bahar devant la Cour de La Haye, le 13 juin dernier, le procureur du roi nà©erlandais fait à©tat d’une ” rencontre – ou d’un ” contact ” (” overleg “) – , qui a eu lieu le 27 avril 2006, entre le Ministà¨re Public belge et le Parquet National nà©erlandais “. ” À l’occasion de cette rencontre, prà©cise la note, le collà¨gue belge a indiquà© que l’intà©ressà© (Bahar Kimyongür) serait vraisemblablement prà©sent aux Pays-Bas le samedi 29 avril pour une visite au festival du DHKP-C. L’officier nà©erlandais a par ailleurs demandà© confirmation du signalement international en vue d’àªtre pràªt dans le cas où l’intà©ressà© arriverait effectivement en Hollande samedi “.

On ne saurait àªtre plus clair ! La Belgique n’extrade pas ses ressortissants. Soucieuse sans doute de se racheter aux yeux des autorità©s turques pour avoir laissà© à©chapper Fehriye Erdal, elle organise son arrestation en Hollande en vue de s’assurer que la demande d’extradition de la Turquie soit rencontrà©e.

Cette sinistre hypothà¨se à©tant dà©sormais confirmà©e, il appartient aux ministres de tutelle de s’expliquer (Onkelinx pour la Justice, De Gucht pour les Affaires à‰trangà¨res, Dewael pour l’Intà©rieur), mais surtout de rà©parer la manÅ“uvre de leurs services et de tout mettre en Å“uvre pour obtenir le rapatriement de leur ressortissant. C’est ce que, depuis deux mois, s’à©chinent à  demander le clea, la Ligue des droits de l’homme, la famille de Bahar, le sà©nateur Ecolo Josy Dubià© et le parlementaire CDH Melchior Wathelet Jr, les signataires des trois cartes blanches parues dans la presse belge et les milliers de dà©mocrates qui ont signà© la pà©tition du clea.

Premià¨re audience à  La Haye : complà©ment d’enquàªte

Alors que les autorità©s belges se montrent indiffà©rentes au sort extràªmement prà©occupant d’un de leurs ressortissants, la procà©dure d’extradition suit gentiment son cours :

1. Conformà©ment à  la procà©dure, la Turquie a rentrà©, dà©but mai 2006, un dossier de demande d’extradition. Comme on pouvait s’y attendre, il est d’un vide consternant. Trois faits sont censà©s incriminer Bahar : 1°. Avoir chahutà©, en novembre 2000, le ministre des Affaires à‰trangà¨res turc lors de son intervention au Parlement Europà©en. 2°. S’àªtre solidarisà© avec un militant du DHKP-C en grà¨ve de la faim en Allemagne. 3°. Avoir assistà© aux sà©ances du procà¨s de Fehriye Erdal en Belgique (militante du DHKP-C).

2. Une premià¨re audience s’est tenue à  La Haye le 13 juin dernier. Dans son rà´le, le Parquet a repris à  son compte toutes les allà©gations turques, interrogeant par ailleurs Bahar sur le DHKP-C et tentant d’à©tablir son appartenance à  l’organisation. En rà©sumà©, la ligne de dà©fense de Bahar a à©tà© de demander qu’on juge la nature de ses actes (tout à  fait là©gaux et pacifiques) et non des opinions et une appartenance politiques qui ne regardent que lui. Son avocat a par ailleurs demandà© un complà©ment d’enquàªte sur les circonstances de l’arrestation.

Jugeant le dossier incomplet, le prà©sident du tribunal a finalement dà©cidà© d’ajourner la sà©ance au 4 juillet, en l’attente d’un complà©ment d’informations sur le DHKP-C demandà© à  la Turquie (ce qui, d’une part confirme la vacuità© du dossier turc ; d’autre part, à©claire les similitudes d’approche entre la cour hollandaise et les autorità©s d’Ankara : c’est l’examen des actività©s du DHKP-C en Turquie qui pourrait àªtre dà©terminant, pas l’actività© de Bahar). Le tribunal a à©galement demandà© la composition du tribunal d’Ankara, de màªme que des garanties sur les conditions de dà©tention du prà©venu en cas de condamnation en Turquie. Tout examen supplà©mentaire des circonstances de l’arrestation en Hollande est refusà©.

On devait s’y attendre, la sidà©rante perspective d’une extradition demeure une menace bien rà©elle !

Que faire ?

1. Le 28 juin, le clea compte clà´turer le compte des signatures. Il n’est donc pas trop tard pour la signer et la faire signer en ligne : http://www.leclea.be. Il est aussi plus que temps de centraliser les signatures existantes.

2. Le 28 juin, à  17h30, rue Montoyer 4, à  1000 Bruxelles (mà©tro Trà´ne), rassemblement devant l’ambassade de Turquie. à‰tant donnà© les rà©centes preuves de l’implication belge, il est trà¨s utile de venir nombreux pour exprimer notre inquià©tude et notre indignation.

Cette affaire constitue un dangereux prà©cà©dent. Bien au-delà  du cas individuel de Bahar Kimyongür, ce sont nos libertà©s fondamentales qui sont en jeu. Il importe de rà©agir aujourd’hui avant qu’il ne soit trop tard, avant de pleurer les absents et de dà©plorer nos absences, avant de n’avoir plus rien à  dire.

Clea – comità© pour la libertà© d’expression et d’association – http://www.leclea.be

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