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“Fath al-islam” ou les mensonges du gouvernement libanais illégal

24. May 2007

par Rim al-Khatib

Dimanche matin, des hommes de la sà©curità© intà©rieure libanaise se sont dirigà©s vers un immeuble dans Tripoli pour arràªter des hommes impliquà©s dans une affaire de vol de banque. Il semblerait que des miliciens du Fateh al-islam aient à©tà© encerclà©s dans l’immeuble. D’un coup, tout se dà©clenche. Les miliciens du Fateh al-islam et les forces de la sà©curità© se tirent dessus. Peu aprà¨s, des postes de l’armà©e libanaise, situà©s autour du camp, sont pris d’assaut par Fateh al-islam, et une vingtaine de soldats sont tuà©s.

L’armà©e libanaise entre alors dans les combats et tire sur le camp. Les victimes sont nombreuses : des civils palestiniens du camp, 8 tuà©s et une vingtaine de blessà©s dà©nombrà©s sans parler des membres du Fateh al-islam. Du cà´tà© de l’armà©e libanaise, ce sont 31 soldats qui sont tombà©s au cours des deux jours d’affrontements.

Plusieurs questions se posent, entre autres celles posà©es au conseil des ministres à©largi du lundi, à  Beyrouth : le chef de l’armà©e a questionnà© le responsable de la sà©curità© intà©rieure pourquoi l’armà©e n’a pas à©tà© mise au courant de l’opà©ration sà©curitaire en cours à  Tripoli. L’armà©e a à©tà© prise au dà©pourvu, ce qui a multiplià© ses pertes. Comment une opà©ration sà©curitaire relative à  un vol de banque peut dà©gà©nà©rer en un bombardement d’un camp palestinien ?

Le gouvernement libanais et ses portes-parole se sont empressà©s d’accuser la Syrie, considà©rant que Fateh al-islam est une organisation formà©e par les appareils sà©curitaires syriens, l’objectif de la Syrie serait, d’aprà¨s eux, de contrer le tribunal international relatif à  l’assassinat de l’ancien premier ministre Hariri. Depuis plus d’un an, ce groupe n’a aucune autre explication sur ce qui se passe dans le pays. Une langue de bois aussi stà©rile peut lasser le monde entier mais n’a pas l’air de lasser les responsables et dà©fenseurs du gouvernement illà©gal libanais.

Mais ceux qui connaissent la situation dans les camps palestiniens du nord et celui prà©cisà©ment de Nahr al-Bared savent trà¨s bien que le gouvernement libanais ment : il ment à  propos de Fateh al-islam, il ment à  propos de l’opà©ration qu’il a dà©clenchà©, il ment à  propos des vraies causes de ces affrontements.

Fateh al-islam n’est pas une organisation palestinienne. S’il a à©tà© formà© au dà©part par une scission d’une scission pro-syrienne du Fateh, il n’en demeure pas moins que les Palestiniens de Nahr al-Bared savent de qui est formà© ce groupe : essentiellement de libanais, et aussi de plusieurs nationalità©s arabes : saoudiens, algà©riens, marocains, jordaniens, yà©mà©nites, à©gyptiens.

Pour le financement du groupe, Palestiniens du Liban et libanais savent que ce groupe a à©tà© financà© jusqu’à  une date trà¨s rà©cente par le fils Hariri lui-màªme ou ses conseillers haineux à  partir de deux considà©rations : limiter l’audience du Hizbullah dans les camps palestiniens, audience relayà©e par les organisations palestiniennes diverses, en suscitant un groupe “sunnite”, avec un discours religieux pour faire à©galement concurrence au Hamas et au Jihad islamique, et d’autre part, former un groupe sunnite, fer de lance d’une guerre fratricide sunnite-shiite. Fateh al-islam a à©tà© financà© pendant plusieurs mois, depuis son apparition à  la fin de 2006, pur s’installer dans le camp.

Si le gouvernement libanais a dà©cidà© de dà©clencher cette opà©ration, en faisant intervenir l’armà©e, qui a à©tà© prise au dà©pourvu, c’est d’abord pour masquer les và©ritables assassins qui sà©vissent au Liban et qui, depuis plusieurs mois, commettent des attentats, le dernier à©tant l’attentat meurtrier de ‘Ayn ‘Alaq. D’un coup, tous les crimes sont mis sur le compte de Fateh al-islam, groupe que personne ne peut dà©fendre, ni au niveau palestinien ni au niveau libanais. Fateh al-islam est devenu d’un coup le groupe qui devrait àªtre responsable de tous les maux libanais. Allant dans ce sens, les responsables du gouvernement illà©gal du Liban accusent Fateh al-islam d’àªtre responsable des deux derniers attentats de Beyrouth, sans apporter aucune preuve. Mais cette accusation arrange tout le monde.

Aujourd’hui, les groupes libanais du gouvernement parlent et rà©clament l’escalade, mais l’escalade contre qui ? Ils parlent de Fateh al-islam, mais en màªme temps posent la question de l’armement dans les camps palestiniens. C’est là  où intervient le rà´le de l’amà©ricain Welsh.

Le gouvernement libanais et les groupes qui le soutiennent exigent des organisations palestiniennes une position claire vis-à -vis de Fateh al-islam, alors qu’il ne s’agit pas d’un groupe palestinien. Le gouvernement libanais exige que les organisations palestiniennes affrontent elles-màªmes ce groupe, avant de faire cesser les bombardements, soit en quelque sorte, faire que les affrontements se dà©roulent à  l’intà©rieur du camp et non plus entre l’armà©e et le groupe Fateh al-islam.

En impliquant l’armà©e libanaise dans cet affrontement qui n’est pas de son ressort, le gouvernement libanais vise aussi le rà´le de l’armà©e, lui faire reprendre un rà´le de rà©pression intà©rieure au lieu d’un rà´le voulu par la rà©sistance nationale, et notamment du Hizbullah, celui d’une rà©sistance contre Israà«l.

En affrontant Fateh al-islam, le gouvernement et les forces politiques qui le soutiennent, pensent-ils lutter contre la Syrie, comme ils le prà©tendent, alors que ce pays n’a rien à  voir avec Fateh al-islam ? Ils affrontent en rà©alità© la prà©sence palestinienne organisà©e dans les camps, car au-delà  de la prà©sence de Fateh al-islam dans le camp, ce sont les organisations palestiniennes qui sont visà©es, la prà©sence autonome palestinienne, armà©e et civile.

Le plan amà©ricain exà©cutà© par les forces politiques du gouvernement illà©gal libanais consiste à  susciter des troubles sà©curitaires afin de justifier la mise en place d’une tutelle internationale sur le Liban, visant en premier lieu la prà©sence de la rà©sistance nationale armà©e. N’ayant pu faire intervenir le Hizbullah dans les affrontements armà©s internes, c’est par la prà©sence palestinienne que les forces du gouvernement comptent mettre en place le plan amà©ricain.

Encore une fois, les Palestiniens du Liban sont victimes d’un plan criminel, exà©cutà© par le gouvernement illà©gal du Liban qui a impliquà© l’armà©e libanaise. En rà©alità©, le groupe Fateh al-islam, entià¨rement isolà© des Palestiniens de Nahr al-Bared, a à©tà© utilisà© et manipulà© par des services libanais pour rà©gler des comptes libanais-libanais.

Les organisations palestiniennes prà©sentes au Liban, bien qu’ayant clairement dà©noncà© Fateh al-islam et ses actions, bien qu’elles aient clairement dà©noncà© les assassinats des soldats de l’armà©e libanaise, ne peuvent continuer à  soutenir les agissements de cette armà©e ni de ce gouvernement, car il ne s’agit plus d’une auto-dà©fense, mais l’exà©cution d’un plan visant à  liquider leur prà©sence et la cause palestinienne au Liban.

La guerre menà©e actuellement contre le camp de Nahr al-Bared prend des allures de guerre civile : d’un cà´tà©, un soutien populiste à  une armà©e qui n’assume pas un rà´le de dà©fense nationale, et de l’autre, les Palestiniens, les organisations palestiniennes et les forces de la rà©sistance libanaise, qui essaient coà»te que coà»te d’arràªter ce massacre et de rà©gler la prà©sence de Fath al-islam sans faire payer le prix à  la population des camps.

Le Hizbullah et les partis de l’opposition ont dà©noncà©, dà¨s le dà©but, l’implication de l’armà©e dans cet affrontement. Ils essaient, avec les organisations palestiniennes, de mettre fin à  cette guerre honteuse. Bahiyya al-Hariri, soeur du feu Rafik Hariri et à©loignà©e du clan Hariri à  cause de ses positions nationales, a longuement parlementà© avec son neveu pour permettre l’intervention des secours aux Palestiniens encerclà©s dans le camp de Nahr-al-Bared. Les partis de l’opposition essaient de sà©parer entre Fateh al-islam, que le pouvoir a d’ailleurs aidà© à  mettre en place, et les camps palestiniens, ce que refuse actuellement Sanioura, Joumblatt, Hariri et consorts, exigeant des organisations palestiniennes qu’elles se chargent elles-màªmes de l’affrontement, avec les consà©quences dà©sastreuses pour les Palestiniens que cela pourrait entraà®ner.

C’est cette position, hautement nationale et sage, des partis de l’opposition que les responsables du gouvernement illà©gal essaient de remettre en cause en voulant prouver qu’elle est une reconnaissance implicite du rà´le de la Syrie. On revient à  la langue de bois.

21/5/2007

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